Sa vie

Mars

De milieu plutôt aisé et cultivé, Philippine n’hésite pas à s’occuper des pauvres et des enfants des rues, à Grenoble, pendant la Révolution. Aux États-Unis, dès son arrivée, elle créera des écoles pour les pauvres.
En parallèle des écoles payantes existeront les écoles gratuites. En revanche, pour des raisons culturelles, son désir d’accueillir des noirs et des esclaves dans les écoles et au noviciat ne pourra pas encore se réaliser.

Sur le plan personnel aussi, Philippine sera invitée toute sa vie à des déplacements pour grandir humainement et spirituellement. Elle devra renoncer à certains de ses attraits de piété, travailler à améliorer son caractère bien trempé, accepter d’être responsable de l’équipe missionnaire contre son attrait, s’engager dans des activités inhabituelles pour répondre aux exigences du Nouveau Monde.

Pour la prière

« En effet, l’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous, et qu’ainsi tous ont passé par la mort. Car le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui, qui est mort et ressuscité pour eux. Désormais nous ne regardons plus personne d’une manière simplement humaine : si nous avons connu le Christ de cette manière, maintenant nous ne le connaissons plus ainsi. Si donc quelqu’un est dans le Christ, il est une créature nouvelle. Le monde ancien s’en est allé, un monde nouveau est déjà né. Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ, et il nous a donné le ministère de la réconciliation. » (2 Co 5, 14-18, texte de la messe de Sainte Philippine)

Mars

« L’amour du Christ nous saisit quand nous pensons qu’un seul est mort pour tous » : lire et relire ce verset, prendre le temps de s’arrêter sur chaque mot, de le « peser ». Qu’est-ce qu’il évoque en moi ?

« Le Christ est mort pour tous, afin que les vivants n’aient plus leur vie centrée sur eux-mêmes, mais sur lui » : Paul rappelle que le salut en Christ invite à un décentrement, une conversion, un dépassement. À quel pas suis-je invité(e) en cette année de renouvellement à la suite de Philippine ?

« Tout cela vient de Dieu : il nous a réconciliés avec lui par le Christ » : le salut est un don, totalement gratuit. Y a-t-il une place dans ma vie pour l’action de grâces ?

Des écrits

« Je sais et j’ai compris que ceux qui vont où nous allons ne racontent que le beau pour ne décourager personne… Mais moi qui vous dois la vérité, je ne vous cacherai rien, ni des dangers de la mer, ni de ma propre faiblesse. C’est véritablement un spectacle affreux qu’une mer orageuse. Son bruit, joint à celui des vents, efface celui du tonnerre et d’une forte canonnade, en affligeant l’oreille. Il faut y joindre celui du mouvement du vaisseau, dans les gros temps. Le cri des matelots, pour s’encourager au travail, a quelque chose de lugubre, mais leur silence l’est encore plus, ainsi que celui du capitaine, qui se promène pensif. Quand on voit le vaisseau, dans la violente agitation, donner le spectacle de la confusion du dernier jour, le ciel paraît se rouler rapidement derrière des montagnes d’eau et entraîner les astres. Ces eaux de la mer, presque noirâtres dans la tempête, ouvrent et referment sans cesse leurs abîmes sans fond connu. Des vagues viennent à tout moment couvrir le pont et s’échappent par de nouveaux roulements. Deux fois, elles ont forcé nos petites fenêtres et couvert des lits pendant la nuit. Les mâts qui plient, les voiles qu’on resserre ou qui se déchirent, le gouvernail qu’on abandonne pour ne pas trop fatiguer le vaisseau, tout cela n’est pas riant quand on ne voit pas Dieu dans l’orage. L’odeur qui règne dans le vaisseau est une autre épreuve.
Le renfermé, le goudron, les pipes, le fond de cales surtout, provoquent un mal de cœur qu’on n’évite qu’en prenant l’air sur le pont où il n’est pas toujours possible d’aller… La maladie de la mer est une véritable maladie… »

(Traversée de l’Atlantique, 1818)

Dépassements intérieurs aussi : « Vous m’êtes chère et je ne puis vous passer vos torts », lui écrit Madeleine-Sophie Barat.

(29 août 1811)

« Oh que j’aurais de joie, si enfin vous deveniez plus docile et plus douce ! Pourquoi ne voulez-vous pas comprendre que vous ne pouvez rien faire pour Dieu, dans quelque coin de terre que vous soyez, si vous n’avez pas la vertu que vous devez enseigner aux autres. »

(3 juillet 1810)

« En vérité, ma chère fille, la force de l’imagination par laquelle vous vous laissez entraîner vous fait perdre le jugement. »

(17 février 1811)

Aujourd'hui

En Église et avec les religieuses du Sacré-Cœur de Jésus :
Mars

« Nous sommes appelées à vivre de manière plus humaine : avec la radicalité du style de Jésus de Nazareth, nous faire davantage sœurs entre nous et avec les autres, plus humaines, plus simples, plus proches, pour révéler le visage joyeux et compatissant de Dieu et servir là où nous sommes envoyées. »

(Appel du Chapitre Général 2016 des Religieuses du Sacré-Cœur de Jésus)

  • Quelle humanité puis-je accompagner, servir, faire grandir davantage, en moi, pour d’autres ?

À la manière de Philippine

  • Prendre le temps et les moyens d’entrer dans une démarche de communion ou de réconciliation. J’écris à, je rencontre ou je contacte gracieusement une personne que cela aidera.
  • Je m’essaie à la patience avec moi-même :
    – en corrigeant systématiquement telle expression inappropriée que j’emploie fréquemment ;
    – en choisissant de rééquilibrer doucement mon rythme de vie (plus de gratuité, de temps vide ou au contraire un effort d’activité nécessaire) ou une de mes habitudes “encombrantes” pour d’autres ou pour moi-même (si je me sers toujours en premier, n’écoute pas jusqu’au bout…).

Chants / Musique

Tu nous dis d’aller plus loin (J-J Juven)

Tu nous dis d’aller plus loin.
Tu nous dis d’aimer comme toi.
Tu nous dis d’aller plus loin, d’aller où tu vas.

Aller plus loin : passer la mer et les tempêtes, voilier que rien n’arrête, voguer vers l’autre bord.
Tourner le dos aux vieux mirages, tourner une autre page, tourner les yeux vers Toi.

Aller plus loin : jusqu’au-delà des apparences, des mots, des évidences, pour rencontrer vraiment. Et se retrouver face à face, briser enfin la glace, regarder comme Toi.

Aller plus loin : aller jusqu’à donner soi-même sa vie pour ceux qu’on aime, se donner par amour.
Et découvrir l’autre richesse, plus loin que nos faiblesses, se donner comme Toi.

Aller plus loin : quitter nos routes de routines, nos chemins qui cheminent mais ne vont nulle part.
Comme un oiseau ouvrir ses ailes, sentir la vie si belle et marcher près de Toi.